Les Étrusques
La ville de Pompéi fut fondée entre la fin du VIIe et le début du VIe siècle av. J.-C. sur une colline surplombant l'embouchure du Sarno et le littoral du golfe de Naples, à la suite d'une éruption préhistorique du Vésuve. Ce sont probablement les Étrusques qui ont joué un rôle moteur dans la formation stratégique de la ville, qui a rassemblé les Opiciens, qui vivaient auparavant dans des villages dispersés le long du Sarno.
Des poteries et des inscriptions étrusques de type buccheri ont été découvertes dans toute la péninsule de Sorrente , la vallée du Sarno et la campagne proche. À Pompéi, les découvertes les plus remarquables de la présence étrusque proviennent des fouilles stratigraphiques de la Maison de la Colonne étrusque de la Region VI et du Temple d'Apollon. Il a également été récemment démontré que le temple dit dorique, pierre angulaire de la théorie reliant la fondation de Pompéi aux Grecs, et qui semble avoir servi de véritable point de relevé côtier sur les routes maritimes à courte distance , est en réalité d'origine étrusque-italienne. Ceci constitue une preuve supplémentaire que Pompéi a été fondée comme une ville animée par des intérêts étrusques. À cette époque, Pompéi occupait une superficie très limitée, correspondant en partie aux actuelles régions VII et VIII, mais ses remparts s'étendaient déjà sur toute la colline volcanique, couvrant une superficie d'environ 63 hectares, comme l'ont pleinement démontré des recherches récentes. Initialement, cependant, seules furent développées les abords de ce qui allait devenir le Forum de la ville romaine en Région VII, où fut construit le Temple dédié à Apollon, et la zone où se situerait plus tard le Forum Triangulaire, où fut construit le temple dorique (région VIII). Des structures telles que la colonne étrusque se trouvaient hors de la zone urbanisée, mais à l'intérieur des remparts, dans la zone cultivée. Les analyses stratigraphiques réalisées par l'Université de Milan en Regio VI, tout en confirmant sans équivoque la présence d'un habitat archaïque sur le site, l'ont néanmoins identifié comme très différent de ce que l'on pourrait considérer comme un habitat pleinement urbain, dans une zone, de toute façon, très proche de celle du Forum, où, de plus, même les analyses réalisées lors de la pose des câbles d'éclairage n'ont identifié aucun élément fiable d'un agrégat stable de nature résolument urbaine. Les analyses stratigraphiques réalisées dans la zone du Temple d'Isis ont en revanche définitivement démontré des interpretations differentes, qui croyaient avoir découvert, lors d'explorations menées dans la même zone, les vestiges de cabanes protohistoriques protégées par un mur fortifié d'un premier village, situé au bord de la colline. L'existence même d'une première Altstadt (périmètre) protégée par un circuit de murs très étroit, dans la zone autour du Forum et d'un appendice au Forum triangulaire, préconisée par des analyses precedentes, est encore loin d'avoir un support documentaire irréfutable car, il semble même qu'elle devienne une possibilité de plus en plus éloignée.

Les Grecs
Vers la fin du VIe siècle, les Grecs de Campanie sortirent de l'encerclement auquel ils étaient soumis par la puissance étrusque, ce qui impactait considérablement leur commerce maritime avec la métropole et les autres colonies. Une alliance entre plusieurs cités grecques déclencha une guerre ethnique généralisée, qui eut un fort retentissement jusque dans la métropole voir la bataille de Cumes qui fut même célébrée par Pindare. Deux batailles successives, livrées près et au large de Cumes en 525-474 av. J.-C., s'abattirent sur la puissance étrusque. Ce territoire, pourtant tourmenté tout au long de l'histoire, connut alors peut-être sa période de crise la plus profonde. En témoigne la rareté absolue des documents archéologiques dans la vallée du Sarno au Ve siècle av. J.-C., symptôme soit d'un dépeuplement, soit d'une extrême pauvreté de la population, soit, en tout cas, d'une baisse significative du niveau de vie dans la région.

Les Grecs, dans leur politique à courte vue, satisfaits d'avoir vaincu l'ennemi étrusque et d'avoir assuré la paix le long des routes commerciales maritimes, ne voulaient ou ne pouvaient pas occuper directement et de manière permanente la région, malgré son extrême fertilité. Cette région suscita alors l'intérêt des Samnites qui, vers la fin du Ve siècle av. J.-C., descendirent progressivement des hauteurs des Apennins, occupant notamment la plaine de Sarno, créant ainsi un nouveau centre politique et militaire qui atténua considérablement le poids de la présence grecque en Campanie. Parallèlement, dans d'autres régions du sud de l'Italie, les tribus italiques affirmaient leur contrôle du territoire aux dépens des Grecs. 

Opici et Osques
La population Samnite des hauteurs des Apennins fusionna avec la population italique préexistante, de lignée apparentée, établie depuis longtemps dans les plaines et connue dans la tradition historique sous le nom d'Opici. Cette fusion donna naissance aux Osques, qui dominèrent la Campanie jusqu'à l'arrivée des Romains. À l'instar de ceux des environs de Capoue et de Nolae, ils créèrent une confédération Osque de villes dans le sud de la Campanie, centrée autour de Nuceriae, qui comprenait Pompéi, Herculanum, Stabies et Sorrentum.

Premières expansions urbaines
Cette période voit l'expansion de la ville vers l'est, s'étendant sur plusieurs pâtés de maisons face à la Via Stabiana et à la Via Vesuvio, puis son extension le long de l'axe principal de circulation de la ville aux époques suivantes et du Cardo à l'époque romaine, son principal axe nord-sud. Une expansion ultérieure se produit également vers le nord, dans l'actuelle Région VI. Malheureusement, il est impossible de déterminer précisément les événements qui ont conduit à cette nouvelle expansion du tracé urbain. La ville construit également une nouvelle courtine, reprenant le développement de la précédente, la renforçant considérablement.

Guerres Samnites
Pendant les guerres Samnites, une flotte romaine, débarquée à Pompéi, parvint à faire avancer ses troupes vers Nuceriae, mais celles-ci furent ensuite repoussées vers la mer par la résistance locale.
À la suite des guerres Samnites, la Confédération de Nuceriae entra dans l'orbite de Rome comme alliée, à laquelle elle resta fidèle même lors de l'invasion de la Campanie par Hannibal.

Entre le IVe et le IIIe siècle av. JC, durant la période Samnite, ou peut-être entre le IIIe et le IIe siècle av. JC, lorsque la Campanie fut de plus en plus influencée par la puissance romaine émergente, l'agglomération de la ville déjà existante subit une expansion avec l'ajout de nouveaux quartiers. L'expansion était systématique et résultait d'un ou de plusieurs projets réalisés dans différentes phases; en fait, il existe trois systèmes différents de division et d'orientation: la zone nord-ouest qui a pour axe la Rue de Mercure, dont l'orientation est dictée par le Forum; l'aire des insulas carrées, dont l'orientation a été déterminée par l'axe nord-sud de la Rue Stabienne, enfin, la zone orientale, dont l'axe est la Rue Nuceria, et, perpendiculairement, Rue de Nole et Rue de l'Abondance. Entre ces trois zones il y a deux zones avec des insulas qui ont une forme irrégulière, parce qu'elles ont dû occuper les espaces vides entre les quartiers avec une orientation différente. L'étude des façons dont les trois domaines ont été liés les uns aux autres offre la possibilité d'établir entre eux une chronologie relative et d'exclure leur contemporanéité, même s'ils ont tous été réalisés dans un court laps de temps. Le premier étage comprenait les deux zones immédiatement au nord et à l'est de la ville antique.

Alliance avec Rome
L'alliance avec Rome, devenue dominatrice de la Méditerranée après sa victoire sur Carthage, favorisa grandement la présence des Italiques sur les marchés orientaux, avec l'établissement d'entrepôts dans divers marchés du monde grec et hellénisé, au premier rang desquels Délos.
Ce fut la période de splendeur de Pompéi : grâce aux conquêtes progressives de son alliée romaine en Orient, la ville s'intégra au flux commercial avec la Grèce et le monde oriental par son port, en tirant une richesse considérable et un rayonnement culturel d'envergure internationale.
Le IIe siècle av. J.-C. coïncida donc avec la période de prospérité la plus intense de Pompéi Samnite, qui s'inspirait des cités grecques hellénistiques comme modèles d'architecture publique et de construction résidentielle, bénéficiant de la prospérité que le port et le commerce apportaient à la ville. Il ne faut pas oublier, en effet, que les Italiques, contrairement à Rome, étaient, par coutume et contact direct avec les colonies grecques d'Italie, déjà imprégnés de l'esprit de la culture hellénistique, ce qui facilita grandement leurs relations avec le monde grec et leur hellénisation précoce par rapport à Rome.
Un important projet d'urbanisme visant à monumentaliser et embellir la ville fut alors conçu. Un portique fut érigé sur la place du Forum, son plan fut rationalisé et la Basilique fut construite. Sur le Forum Triangulaire, un portique fut ajouté au Gymnase Samnite. De nouveaux Thermes furent construits, la construction de Théâtres fut planifiée et entreprise, et, à l'extrême est de la ville, la construction de l'Amphithéâtre était prévue. Un projet d'une grande conception et d'une grande envergure, qui allait cependant être interrompu par les aléas du moment historique.

Guerre sociale
La question de la citoyenneté romaine opposait une fois de plus le monde italique à Rome. Si, lors des guerres Samnites, il avait combattu la Cité pour la suprématie sur l'Italie, il lui fallait désormais se battre pour être considéré comme pleinement romain.
C'est probablement précisément à l'époque précédant le conflit social que les remparts furent dotés de puissants et hauts remparts qui complétaient les bastions des fortifications.

3_LA PERIODE ROMAINE

L'établissement de la colonie
Après la guerre sociale, Pompéi, en rébellion contre Rome, fut assiégée puis conquise par les troupes de Silas en 89 av. J.-C. Une colonie romaine y fut établie en 80 av. J.-C. L'aristocratie de la vieille ville fut chassée, parfois brutalement, après avoir vu ses terres expropriées. Les remparts, devenus obsolètes, servirent de fondations aux belles résidences des riches Romains, sur le front de mer panoramique.
Dès lors, la ville fut plongée dans l'actualité du monde romain et, de fait, elle et ses environs furent choisis par de nombreux Romains fortunés comme lieu de villégiature. Souvent, la partie résidentielle des villas construites ou achetées y était associée à une partie productive, exploitant ainsi les ressources foncières d'un territoire déjà extrêmement fertile.
Pendant la période coloniale, de nombreux bâtiments publics importants furent construits à Pompéi, qui peuvent être considérés comme faisant partie de l'architecture du « régime ». Le projet de théâtre et d'amphithéâtre fut poursuivi et pleinement réalisé. D'importants travaux furent réalisés sur le Forum, où l'ancien temple de Jupiter devint le Capitole et où furent définis les espaces et bâtiments administratifs et commerciaux. Le temple de Vénus fut érigé, lui aussi sur un éperon dominant le port et à proximité du Forum, afin de mettre en valeur la magnificence des colons. À l'ouest de la ville, à la sortie de la porte d'Herculanum, ont été découverts les vestiges de la Rue des Sépulcres, datant de l'époque de Silla. Cette voie, qui, lors de sa construction, emprunta une bonne partie de la Villa de Diomède, se situe à une altitude nettement inférieure à celle de la voie actuelle, qui ne devait rejoindre la porte d'Herculanum qu'à l'époque augustéenne, par une pente plus douce et progressive.

Le Principat

L'avènement de la Période du Principat modifia également l'équilibre politique de la ville. Le prince, noble Patrice Romain, se retrouva empereur d'un monde où la majesté n'était sanctionnée par aucune forme constitutionnelle, simplement parce qu'il intégra en lui, l'un après l'autre, tous les pouvoirs constitutionnels que lui avait conférés le Sénat. Pour préserver ces pouvoirs d'un éventuel renversement par le Sénat lui-même, il dut s'appuyer sur la bourgeoisie locale, et donc sur les familles aisées qui en formaient le noyau. Ainsi, l'architecture du « régime » fut remplacée par une architecture de « propagande », qui recourut de plus en plus au phénomène de l'évergétisme. Les figures de l'ancienne aristocratie citadine, marginalisées pendant la période de Sille, et rétablies au pouvoir par la faveur impériale, rivalisèrent pour construire des bâtiments publics destinés aux citoyens, liés à la propagande impériale.
Le Forum fut orné de marbre travertin, qui servit de matière première au nouveau sol et aux colonnes remplaçant celles en tuf de l'époque samnite. Le Temple de la Déesse Fortuna Augusta fut construit à l'arrière du Forum,, ainsi qu'un nouvel aménagement des sièges dans la Somme Cavea, au sein du Grand Théâtre. Plus important encore, à l'époque Tiberine, fut construit le bâtiment dit "de Eumachie, au Forum, qui servait de bourse de marchandises pour le port maritime situé en contrebas, ainsi que de siège de la guilde des Fullones. Des statues de membres de la famille impériale ornaient les arcs et les bases honorifiques du Forum et d'autres espaces publics.

Le Tremblement de terre de 62

En février 62, un tremblement de terre exceptionnel endommagea gravement Pompéi, transformant la ville en un immense chantier.
Nombre de ces travaux, comme ceux du Temple de Vénus et du Capitolium, ne furent jamais achevés. Le Temple d'Isis, en revanche, fut certainement restauré à fonds privés. L'ensemble du Forum, gravement endommagé, subit d'importants travaux de rénovation. Le Temple des Lares publics et le Temple du Génie de Vespasien furent construits, peut être que ce dernier n'ait été auparavant dédié au Génie d'Auguste. L'ouvrage le plus important, cependant, fut la construction du grandiose complexe des Thermes Centrales, qui occupa une vaste zone au nord-est de la ville et témoigne clairement de l'impact croissant des principaux axes de la vie commerciale et sociale sur des zones autrefois considérées comme périphériques.
Le tremblement de terre de 62, qui détruisit une grande partie de la ville, marqua l'essor social définitif d'une nouvelle classe d'affranchis et d'une nouvelle classe d'entrepreneurs. S'appuyant sur des capitaux liquides plutôt que sur la propriété foncière, ils ont entraîné d'importantes transformations dans le tissu résidentiel de la ville. Lorsque l'éruption de 79 apr. J.-C. marqua sa fin définitive, la ville était encore en reconstruction et en restructuration, affectée par d'autres violentes secousses sismiques survenues juste avant l'éruption catastrophique, dont les dégâts ne furent jamais réparés.

Le premier tremblement de terre de l'an 62 marqua le début de la fin pour la ville de Pompéi, et pour toutes les villes et agglomérations qui existaient autour du Vésuve depuis l'Antiquité. Ces secousses initiales n'étaient qu'un signe avant-coureur de la grande catastrophe qui allait frapper 17 ans plus tard. Ainsi, l'expansionnisme de la Plaine Vésuvienne prit fin ici : Pompéi et toutes les autres agglomérations antérieures disparurent, jusqu'à la découverte accidentelle d'une colonne du Forum deux millénaires plus tard.

Ch. 3: Administration dans Pompei...