Ch. 10  La Question Sociale   


La question sociale est aussi vieille que Rome : irréductible, dès l'origine, fut l'opposition des patriciens et des plébéiens ; mais les temps ont changé et, en ces cent dernières années de la République, qui nous retiendront davantage, la question sociale a pris une allure beaucoup plus complexe. Examinons les problèmes posés et les solu­tions apportées.

A. Le problemes Sociaux

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1. Problème du logement. 

Depuis le 2° siècle, le peuple pauvre de Rome ne trouve plus à se loger, malgré les importantes concessions d'ager publicus faites aux privés (en 88, concession d'une partie du Champ de Mars). Situation aggravée encore par les nombreux in­cendies et les fréquents écroulements d'insulae. A côté de quelques centaines de domus et de grands jardins somptueux (hortus sallustiani), ces insulae et des milliers de baraquements faisaient la phy­sionomie de la Ville.
Ajoutons à ces inconvénients, le taux élevé des loyers. Les causes ? L'excédent de la demande, le prix des terrains, la pratique excessive de la sous-location (coenaculariam exercere), les hasards de la spé­culation, les aléas de la construction. Le nombre des locataires insolvables était si grand, que des démagogues proposèrent une amnistie générale des dettes (ainsi, M. Caelius Rufus en 48, le tri­bun Dolabella, avec plus de succès, en 47).
2. Problème du travail. Des paysans ruinés et des affranchis en quête de travail offrent au public romain leurs services de boulan­gers, tailleurs, cordonniers, forgerons, portefaix (saccariï), ... Mais combien de milliers d'esclaves accomplissaient les mêmes besognes ! Comment vaincre cette concurrence et le mépris des grands res­ponsables pour ces métiers serviles ? Aux dires du tribun L. Marcius Philippus (104 avant J.-C), sur les 400.000 citoyens de Rome, moins de 2.000 « possédaient quelque chose » !

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3. Problème du ravitaillement. 

A l'origine, la péninsule suffisait à nourrir sa population, mais la politique sénatoriale avait négligé la culture du froment, au profit des grands élevages. Il fallut donc faire venir le blé de province : Sicile, Corse, Sardaigne, Gaule Ci­salpine, Afrique... Mais ici intervenaient magistrats provinciaux et publicains : il était facile à un puissant de faire fixer à haut prix une adjudication, pour en tirer de beaux bénéfices ; ainsi, d'une part, les provinciaux devaient céder leur blé à bas prix, d'autre part, les Romains l'achetaient cher et vilain ! Bien souvent, d'ail­leurs, tempêtes et pirates réservaient de désagréables surprises au gouvernement, surprises tournant à la catastrophe pour le peuple.

4. Problème des finances. 

Au 4° siècle, la monnaie de cuivre avait été remplacée par la monnaie d'or et d'argent, qui, peu à peu, se déprécièrent par leur abondance même. D'où, hausse des prix et du coût général de la vie : avant les guerres puniques, le blé se vendait 2 ou 3 as le modius ; au début du 1er siècle avant J.-C, on n'en trouve pas à moins de 4 deniers (p. 126) ! Ajoutons à cela la grande sévérité des lois sur les dettes : comment ne pas recourir au foenerator et, une fois entre de telles mains, ne pas se ruiner?

5. Problème de la langue.

 Il ne faut pas sous-estimer l'influence morale et psychologique de l'hellénisme. Cette culture nouvelle, que seul l'argent procurait, élevait une barrière supplémentaire entre riches et pauvres ; depuis longtemps jalouse des nobles, la plèbe haïssait cette culture qui rendait leur élégance plus raffinée et plus hautaine leur arrogance ; quant aux « hellénistes », déjà séparés du peuple par le sang ou l'argent, ils lui devinrent étrangers par la culture et, dès lors, incapables de comprendre ce peuple « qui ne parlait que latin » !

B. Politique Sociale

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Dès les débuts de la République, deux partis président aux desti­nées de Rome : les optimates, conservateurs partisans de l'oligarchie et des privilèges aristocratiques ; les populares, partisans de la dé­mocratie. Avant les Gracques, des hommes de premier plan avaient manifesté ce souci du problème social : le parti démocrate ou « libé­ral » groupa autour de M. Porcius Cato, des hommes de la trempe de L. Aemilius Paulus, P. Scipio Africanus, P. Crassus Mucianus, Q. Mucius Scaevola Augur, Q. Caecilius Metellus, L. Valerius Flac-cus et le gendre du grand Scipion, Ti. Sempronius Gracchus. Mais
1C4 les fils de ce dernier (Tiberius et son cadet Caius) furent les pre­miers à défendre un programme social complet et à l'exécuter au péril de leur vie (133 et 121 avant J.-C).
L'idée essentielle des Gracques est la suivante : entre les trop riches et les trop pauvres, favoriser la naissance d'une classe moyenne. Mais comment faire pour réaliser cette politique à longue échéance ? En luttant contre les grands latifonds et en accordant de petits terrains aux citoyens pauvres : c'est le sens de la lex agraria Sempronia, due à l'initiative de Tiberius et soutenue par son frère Caius. Des centaines de terrains de moins de 500 jugères sont concédés sur l'ager publiais (agri assignandi).

Afin de parer au plus pressé, Caius fit voter une íex frumentaria, qui obligea l'Etat à vendre du froment au prix de 6 as 1/3 le modius : indubitable secours aux pauvres, cette loi créait une sorte d'assistance publique, mais aussi une classe de chômeurs perpétuels, les frumentarii, qui allaient proliférer sous l'Empire.
Après l'assassinat des Gracques, la même politique sera suivie par les démocrates : L. Appuleius Saturninus, C. Servilius Glaucia, M. Livius Drusus, A. Sempronius Asello... puis, pendant les guerres sociales, Marius et César. Ils ajouteront à l'œuvre des Gracques une politique monétaire (ieges monetales) qui, procédant par dévalua­tion, facilitera le remboursement des dettes et énervera les classes possédantes. En même temps, à l'exemple des Gracques, ils essaie­ront de donner plus de pouvoir aux tribuns de la plèbe, qui rece­vront la responsabilité des distributions agraires et frumentaires.
Malgré les sanglantes guerres civiles, l'œuvre des démocrates a rendu d'éminents services à la plèbe ; si, finalement, le Sénat s'est rendu maître de la situation, d'abord sous la dictature de Sylla, puis sous Octavien, il ne pourra plus empêcher le jeune chef puissant de le remplacer au pouvoir. Mais, cette fois, le pouvoir sera personnel et Auguste continuera à son gré une politique agraire et frumentaire.

C. La Vie des Ouvriers

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Aussi étrange que cela paraisse, la journée des ouvriers libres ne dé­passait pas 7 heures et les femmes libres ne s'engageaient jamais comme ouvrières. D'autre part, sauf près des docks de grands ports, il n'y avait aucune cité ouvrière : c'est que l'industrie n'était guère développée et que les « usines » de ce temps ne dépassaient pas, en importance, nos petites manufactures ou nos ateliers. Seules, les mines et les forges avaient une allure plus grandiose, mais on y employait surtout des esclaves.
Remarquons aussi que, dans tous les domaines de la technique, si les Romains ont très bien compris et utilisé ce qu'ils ont appris de l'étranger (Grecs, Egyptiens, Etrusques), ils n'ont rien fait pour l'améliorer : pour­quoi auraient-ils essayé de rendre l'effort humain plus léger ou plus efficace, puisqu'ils disposaient d'un nombre infini d'esclaves ? Jamais, en tout cas, un homme libre et cultivé n'eût consacré une vie de recher­ches à faciliter le travail servile.

D. La Cruauté des Nobles

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Aulu-Gelle rapporte le trait suivant, emprunté à un discours perdu de C. Gracchus :

« Ce qu'est l'arbitraire, ce que sont les excès de certains jeunes gens, un seul exemple vous le montrera. Il y a quelques années, l'un d'eux fut envoyé d'Asie à Rome ; il n'était alors revêtu d'aucune charge et faisait fonction de légat. Il était en litière. Un plébéien, bouvier de Venouse, le rencontre et, ignorant sa qualité, demande par boutade qui l'on porte en terre. A ces mots, le jeune homme fait arrêter la litière et frapper le malheureux, avec les liens dont elle était munie, jusqu'à ce qu'il en rende l'âme. » (Nuits Attiques.)



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